Wei jia & Nei jia | Boxes externes et boxes internes

Wei jia & Nei jia | Boxes externes et boxes internes

Au sein des boxes chinoises, on distingue traditionnellement les styles externes des styles internes. Quelle est l’origine historique de cette distinction, et à quoi correspond-elle dans la pratique?

La distinction entre arts internes et arts externes sert de classification de base aux arts martiaux tradition- nels Chinois. Mais même pour des pratiquants d’arts internes, elle n’est pas toujours très claire, aussi est-il utile qu’on s’y attarde un peu.


Origine d’une distinction

Le terme de «boxe interne» (Nei Jia Quan) fut employé pour la première fois par le grand penseur Huang Zong-Xi au début de la dynastie des Qing (1644). Celui-ci écrivit l’épitaphe du célèbre combattant Wang ZhengNan, qui enseignait le Gong Fu à son fils. C’est dans cette épitaphe (Wang Zheng-Nan Mu Zhi Ming) qu’apparut la distinction entre le Wei Jia, censé caractériser Shaolin, et le Nei Jia du Wudang. Huang décrit dans ce texte: Le temple de Shaolin est célèbre pour sa boxe dont la stratégie principale consiste à prendre l’initiative de l’attaque et faire apparaître les défauts dans la défense de l’adversaire. Il y a par ailleurs des gens qui pratiquent une boxe nommée Nei Jia, dont la stratégie réside dans l’attente de l’attaque afin d’utiliser les défauts de l’assaillant pour le faire chuter. Aussi, pour distinguer ces deux approches différentes, on peut désigner la boxe Shaolin comme Wei Jia, boxe externe.


Xing Yi Quan et Bagua Zhang


Le terme Nei Jia fut ensuite repris au début du 20e siècle. Cela commença d’abord avec la rencontre de deux grands styles au cours des années Xian Feng de la dynastie Qing (1851-1862). Le grand maître de Xing Yi Quan, Guo YunShen, arriva un jour à Pékin pour se mesurer au non moins grand maître de Bagua Zhang, Dong Hai-Chuan, dans un affrontement qui dura trois jours. A l’issue de la rencontre, tous deux étaient à égalité. Aussi se mirent-ils à discuter et échanger leurs connaissances, et trouvèrent alors de nombreux points communs entre leurs deux styles, aussi bien dans la théorie que dans la façon de pratiquer. Par la suite, leurs élèves respectifs poursuivirent les échanges entre les deux styles et devinrent frères d’armes. Chacun pouvait librement apprendre la boxe de l’autre. Ainsi, comme le rapporte l’histoire du Wu Shu, de nombreux pratiquants s’entraînèrent dans les deux disciplines. Parmi les élèves de Dong Hai-Chuan, par exemple, Liu Feng-Chun était un célèbre combattant de Bagua Zhang, mais il avait également un haut niveau en Xing Yi Quan. Li Cun-Yi, élève de Liu Qi-Lan, était un célèbre maître de Xing Yi Quan qui a acquis aussi un niveau élevé dans le Bagua Zhang. Zhang ZhaoDong, un autre élève de Liu Qi-Lan, créa pour sa part le Xing Yi Bagua Zhang…


Le Tai Ji Quan

Le Tai Ji Quan était fameux à Pékin. Comme Yang Lu-Chan et Yang Ban-Hou n’enseignaient au Palais que pour la noblesse, les princes et autres officiels, leur boxe était une «boxe de noble». Mais avec le déclin de la dynastie Qing, c’est véritablement au début du 20e siècle que le Tai Ji Quan commença de se répandre dans toute la société, diffusé par Yang Jian-Hou et Yang Jian-Quan.

 

Le groupe des trois styles dits «internes»


Comme ces trois styles (Tai Ji Quan, Xing Yi Quan, Bagua Zhang) avaient manifestement en commun des principes et des caractéristiques propres à l’interne, leurs pratiquants se retrouvèrent, après 1912, regroupés en une même famille. Dans la pratique de ces trois styles, tout commence à l’intérieur du corps. Dès le début et à chaque étape, le travail consiste à libérer, découvrir, et organiser l’intérieur du corps, le cheminement se faisant de l’intérieur vers l’extérieur, ce qui le distingue des autres styles. Aussi ce terme «intérieur» ou «interne» s’imposait de lui-même pour désigner ce groupe. Si cette deuxième appellation servait à désigner ce groupe possédant les mêmes façons et principes spécifiques pour découvrir l’intérieur du corps, l’ancienne boxe dite «interne» (faisant appel au même idéogramme) dont parlait Huang Zong-Xi subsistait toujours, différant en théorie, principe et technique. Une certaine confusion régnait donc, et dans les années 20, quelqu’un proposa une distinction se fondant sur les termes de Nei Gong Quan (l’objectif est le travail qui se fait à l’intérieur) et de Wei Gong Quan (le travail se fait à l’extérieur). Cette formulation plus logique et plus précise car elle définissait plutôt la nature du travail (Gong) que du style en soi ne fut malheureusement pas retenue.


 

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